La semaine dernière nous avons proposé
le dernier cd du groupe « Corrosive Elements » comme cadeau pour le
gagnant de notre premier concours sur notre page Facebook. Nous avons saisi l’occasion
pour échanger quelques mots avec Rachid.T
Aka Teepee bunghöle le batteur du groupe .Vous allez en découvrir des choses
sur ce guerrier de l’underground !
Interview réalisée par 2under et
Lelahel
Question pas très originale mais obligatoire!
Peux-tu te présenter brièvement aux lecteurs de « Lelahel
Metal » ?
Teepee : Je m’appelle Rachid, je suis algérien
et j’ai commencé à jouer de la batterie il y a une petite vingtaine d’années,
fan de Metal et de Hard Rock depuis plus de 25 ans, j’ai logiquement voulu
jouer en groupe. J’ai pu connaitre cette expérience à Alger dans les années 90,
où malgré le contexte social et politique du pays et sa traversée de la
décennie noire, nous avons pu réaliser pas mal de choses (concerts, passages
radio, enregistrements,…) c’était une période trouble, mais grâce à la musique,
c’était une belle période. Par la suite je me suis installé à Paris, depuis 2003
et j’ai entrepris de continuer à jouer du Metal, je me suis pas mal investi
dans la scène locale underground et ai pu rencontrer pas mal d’acteurs majeurs
du paysage musical et jouer dans pas mal de groupes, enrichissant mon
expérience personnelle.
On sait aussi que tu étais le batteur
du groupe Algérien « Worth », peux-tu nous en dire plus ?
Teepee : Worth c’est d’abord une histoire
d’amitié, des ados algérois qui découvrent Metallica, Maiden, Megadeth, Slayer
et qui décident de jouer cette musique en pleine période de terrorisme et de
violence, mais surtout d’intolérance. C’est ainsi que Worth s’est construit,
d’abord des reprises mais le groupe
s’est vite mit à composer, jouer live et remporter un fort succès d’estime. C’était
une bonne période pour le Metal en Algérie, avec des groupes comme
Neanderthalia, Litham, Mass, Atakor, Middle Ages, Slam, Azariass,… Mais pour
moi Worth ne se limite pas aux 6 membres qui ont fait partie du line-up, mais
plutôt la manifestation de la forte amitié qui liait une bande de copains
d’Alger centre. Par la suite, une partie du groupe est allée s’installer en
France, et malgré nos efforts, nous n’avons pas pu maintenir Worth actif et
avons choisi de dissoudre le groupe. Mais Worth a quand même laissé son
héritage, vu que les membres du groupe sont actifs dans d’autres
formations : Acyl, Arkan, Corrosive Elements et Moonskin. Et surement
d’autres projets encore !
Que penses-tu de la scène metal Algérienne Actuelle ?
Teepee : Je ne connais pas trop la scène
Algérienne actuelle, mais je suis content de voir qu’elle est toujours
présente, moins active peut-être, mais toujours là. Lelahell reste le leader de
par sa forte activité et ses ambitions affichées. Mais j’ai un regret de voir
que la nouvelle génération ne se bouge pas assez, pourtant ils ont beaucoup
plus de facilités et de moyens par rapport à ce que l’on avait à notre époque.
Je ne sais pas, c’est un vrai sujet à approfondir, j’aimerais tant que l’on
revienne à une scène où les acteurs sont investis, qui en veulent et qui se
démènent pour réaliser leurs rêves.
Et la scène Metal Française ?
Teepee : Pour la scène française, elle est
très prolifique, beaucoup de groupes, pas mal de talent, pas mal de déchets
aussi forcément. Il y a vraiment de tout et ça c’est une chance. Je trouve que
la scène française s’est vachement développée durant les années 2000 et 2010,
et qu’il y a vraiment des références qui se sont détachées. On parle toujours
de Loudblast, Agressor ou No Return qui sont là depuis plus de 25 ans, mais la
relève est là et elle est talentueuse et variée. Gojira, The
Great Old Ones, Gorod, Benighted… la liste est longue!
Il y a
énormément de passionnées qui s’investissent pour faire vivre la scène et c’est
une force pour le metal en France, L’underground est vivant et en bonne santé.
On va parler maintenant de
« Corrosive Elements », comment s’est formé le groupe ?
Teepee : J’ai créé Corrosive Elements en mai
2005, avec mon ex-compagne Emilie, qui y
officiait au chant, ainsi que deux amis algériens Seddik et Mohamed-Amine de
l’ancien groupe algérois Utopia. Le groupe est né de ma volonté de faire une
musique facile d’accés, avec une approche directe et sans fioritures. Avec le
temps le groupe a beaucoup évolué et a vu son line up changer aussi. Nous avons
fait beaucoup de concerts et sorti un EP en 2008 « Chaos Unleashed »
et un album en 2015 « Toxic Waste Blues ». Bien sûr nous avons eu des
moments difficiles qui nous ont forcés à mettre ne pause le projet, mais nous
sommes de retour en force avec un line up bien efficace : Brice au chant,
Thomas à la basse, Tarik à la guitare, Yves à la guitare et moi-même à la
batterie.
Peux-tu nous dire quelles sont les
influences majeures du groupe ?
Teepee : au tout début Corrosive Elements
était plutôt axé Death old school, mais au fur et à mesure le style s’est
ouvert à d’autres courants, mais les influences restent les mêmes :
-Le Death Metal
à travers Entombed, Carcass, Napalm Death ; Morbid Angel, Obituary,
Bolt Thrower, Death, Dismember…
- Le Thrash Metal: Slayer, Sepultura, Kreator, Testament,
Metallica, Megadeth…
Et d’autres influences venant du Heavy, du Hardcore et
du Hard Rock classique (Motorhead, Iron Maiden, Pantera, The Exploited,
Discharge, Overkill, Agnostic Front, Sick of it All,…)
Parles-nous de la manière dont vous
composez ? Dictature ou démocratie ?
Teepee : Dictatocracie ! En fait pendant
longtemps j’ai pas mal composé pour le groupe afin de garder une homogénéité,
surtout avec les influences si variées, mais au fur et à mesure chacun a su
apporter sa pierre à l’édifice, et maintenant c’est plus des compositions
entamées par un membre, et arrangées par le groupe. Mais je mets toujours mon
grain de sel sur les paroles ou la musique car je suis un dictateur qui veut
tout contrôler !
En fait, pour
tout ce qui concerne Corrosive Elements,
on demande l’avis de chacun avant de prendre une décision et on analyse les
points de vue, mais je reste celui qui a le dernier mot. Etant le doyen du
groupe, ça me va.
De quoi parlent vos textes ? Est
ce qu’il y a un concept ou des messages que vous voulez faire passer ?
Teepee : Au niveau des textes, on ne peut pas
parler de concept, mais il y a un thème récurrent qui est l’homme, et sa
relation avec ses semblables et son environnement. Cela nous permet de dénoncer
les dérives de notre civilisation. On traite donc de sujets de société (Racisme,
inégalités, dérives sectaires et religieuses, manipulation des medias, perte de
libertés,…), d’environnement (Pollution, exploitation des espèces, …) et nous
avons aussi inclus un côté fantastique en intégrant de la mythologie
Lovecraftienne. D’où le Cthulhu menaçant présent sur la pochette de
l’album !
Comment faites-vous pour promouvoir
votre musique ?
Teepee : Nous sommes un groupe autogéré, et
nous faisons tout nous-mêmes, donc c’est une promotion essentiellement sur
internet à travers les réseaux sociaux, le site internet, et aussi par les
webzines. La meilleure publicité reste de jouer devant un public qui ne te
connait pas !
Si je ne me trompe pas, tu es le
premier Algérien à avoir joué au Hellfest, peux-tu nous parler de cette
expérience qui j’imagine a du être très enrichissante ?
Teepee : Je crois que je ne suis pas le
premier algérien à avoir joué au Hellfest, Le groupe 7th Nemesis y a joué en
2007 et il me semble que le chanteur de l’époque est algérien. Par contre je
suis probablement le premier algérien issu de notre scène locale des années 90
à y avoir joué.
C’est la
meilleure expérience musicale que j’ai
pu vivre jusqu’ici, impressionnant de bout en bout et très gratifiant pour moi,
des conditions dignes de pros, traités avec respect, tout est fait pour que tu
fasses ton show dans les meilleures conditions.
Je pense que
le groupe a pu passer un nouveau cap cette année entre la sortie de l’album et
cette participation à l’un des plus gros festivals de Metal au monde.
Pourquoi vous ne faites pas de
tournées ? Est-ce un choix ou plutôt par soucis d’organisation (boulot,
famille etc.) ?
Teepee : Nous ne faisons pas de tournées
jusqu’à présent pour les raisons que tu as cité (famille, boulot,…) mais je
pense que nous allons faire plus de mini tournées de plusieures dates
rapprochées, afin de toucher plus de gens, notre musique est taillée pour la
scène et nous comptons en faire profiter plus de monde !
Les plans futurs de « Corrosive
Elements » ?
Teepee : Corrosive Elements va continuer à
promouvoir le nouvel album à travers un maximum de dates, nous allons en
parallèle commencer à composer un nouvel album pour éviter un gros délai comme
nous avons pu le faire auparavant. Le groupe est sur une bonne dynamique et
nous avons une vision claire de ce que nous voulons accomplir.
Il ne Faut pas oublier que c’est la
première entrevue après presque 12ans d’absence de Lelahel Metal. Que penses-tu
de ce retour ?
Teepee : je suis vraiment heureux de voir que
le webzine précurseur qu’est Lelahel est de retour. C’est une bonne nouvelle
pour la scène algérienne mais pas que. Une action à encourager et à
suivre !
Un message pour nos lecteurs?
Teepee : je tiens à remercier Redouane et
l’équipe de Lelahel Metal, ainsi que toutes les personnes (famille & amis,
connaissances) qui nous soutiennent et nous aident à faire ce que l’on aime le
plus. Merci beaucoup simplement et sincèrement, rien ne serait possible sans ce
soutien que nous avons.
Vous pouvez Contacter le groupe sur:
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